
© Damian Noszkowicz
© Damian Noszkowicz
Marion Vignal s’attache, depuis 2021, avec son association Genius Loci, à faire vivre l’architecture comme une œuvre d’art sous forme de déambulations immersives et émotionnelles à travers le prisme de la création contemporaine.
Vous avez fondé l’association Genius Loci en 2021. Quelle était votre ambition ?
J’ai créé Genius Loci, association loi de 1901 à but non lucratif, avec l'ambition de présenter l’architecture comme une œuvre d’art et de la faire dialoguer, vivre, par le biais d’une exposition immersive et animée d’œuvres ayant toutes une résonance avec ce que j’appelle « l’esprit du lieu », le « Genius Loci » en latin.
En visitant une maison d'architecte sublime près de Milan, j’ai pensé que ce serait une belle expérience d’offrir au public la possibilité d’ouvrir les portes d'œuvres architecturales souvent privées et inaccessibles et de les faire dialoguer avec des créations contemporaines dans une mise en abîme de leur histoire et de leur identité.
Cette réflexion m'a amenée, dès 2019, à imaginer le format, le concept et le nom de « Genius Loci ».
Par la suite, j’ai lancé le projet d'une première exposition à la Villa L'Ange Volant de Gio Ponti, à Garches en région parisienne.
Retardée par le Covid, la première édition de « Genius Loci » a eu lieu en octobre 2021 et a été très bien accueillie.
Votre approche repose sur une mise en récit des lieux et des œuvres. Quelles sont, selon vous, les clés d’une narration captivante, capable d’éveiller la curiosité et de créer une connexion émotionnelle forte avec le public ?
Pour moi, la narration passe beaucoup par l’idée d’une déambulation que j’appellerais « émotionnelle », offrant une exposition qui relève de l'ordre de l'expérience.
Notre approche repose sur une mise en scène des récits des lieux et des œuvres, où les uns et les autres interagissent et se mettent en valeur mutuellement.
Les œuvres des artistes que l’on invite viennent se confronter, se lover souvent dans l'architecture, afin de la souligner, lui donner une autre dimension, et inversement.
J'aime également faire appel à des artistes olfactifs ou sonores.
Par exemple, chez Gio Ponti, lorsqu’on entrait dans le vestibule, première pièce où arrivaient les visiteurs, il y avait une odeur de myrrhe et d'encens conçue par le nez, Barnabé Fillon.
Les formats expérientiels et immersifs sont au cœur de nombreuses nouvelles pratiques culturelles. Comment ces approches transforment-elles notre rapport à l’art et la manière de le communiquer ?
La technologie nous aide à imaginer d'autres façons de faire, grâce au son, à l'image, à l'interactivité.
Dans les expositions comme celle que j'ai déjà orchestrée dans l’appartement d’Auguste Perret, les visiteurs étaient invités à porter des casques de réalité virtuelle.
Nous pouvions visionner au sein de l’architecture de Perret en béton armé une image en 3D, réalisée par le designer Eugeni Quitllet, qui permettait de donner une toute autre vision du lieu et de le connecter au cosmos.
À la Villa L’Ange Volant de Gio Ponti, l'artiste Laurent Grasso a conçu une vidéo baptisée « Spectral Ponti », réalisée à partir d'un scan laser 3D de la maison.
À partir de ce scan, il a créé une vidéo, véritable mise en abîme de la villa, dans laquelle il faisait vivre des événements un peu surnaturels.
Il s’agit d’une tout autre approche de l'architecture, passant par la vidéo, l'image numérique, les effets spéciaux.
Les visiteurs sont intéressés par ce type d'expérience, qui leur donne la possibilité d'être véritablement au cœur du dispositif.
L’association Genius Loci met en lumière des architectures d’exception et des créateurs contemporains dans de multiples disciplines. Comment sélectionnez-vous les talents et les sites que vous révélez, et quel rôle joue la transmission dans ce processus ?
C’est le plus souvent une affaire de rencontres. Je choisis les œuvres, ou parfois même les commande aux artistes, parce qu'ils mènent une recherche correspondant à une thématique déjà présente dans l'architecture.
Les rencontres avec les artistes se font soit parce que je connais déjà leur travail et que je sais qu'ils auront quelque chose à montrer en dialogue avec un contexte architectural, soit parce que je me mets en quête d'artistes ayant une intention précise ou développant des sujets qui m'intéressent.
Quant aux lieux privés où nous avons organisé des expositions, ils ne sont généralement pas ouverts au public. Nous les découvrons souvent par bouche-à-oreille.
Comment retranscrire l’émotion et l’expérience sensible, ces dimensions immatérielles, à travers les outils de médiation et de communication, afin de prolonger et amplifier l’impact des expériences proposées ?
Nous avons plusieurs outils, principalement basés sur la narration, car je crois beaucoup au pouvoir de l'échange et de la parole incarnée.
Nos expositions sont guidées par des médiateurs formés à un type de narration spécifique : ils racontent l'histoire du lieu, celle des œuvres, et la façon dont elles dialoguent.
Ensuite, nous distribuons toujours un petit livret d'exposition au public, avec des textes sur les artistes, les œuvres et le lieu.
Nous travaillons également à la publication d'un livre qui paraîtra en octobre 2025, aux éditions Norma, intitulé « Genius Loci. Poétique de l’Espace », conçu comme une synthèse de nos expositions et une analyse contemporaine de la notion de « genius loci » vue par des historiens de l’art, de l’architecture ou des artistes qui questionnent l’espace.
Quelles sont les conditions pour devenir « Ami » de Genius Loci ?
Nous avons lancé en 2022 le cercle Les Amis de Genius Loci, avec l’ambition de rassembler une communauté de donateurs et mécènes désireux de soutenir notre programmation et notre projet culturel. L’inscription se fait via notre site.
Les tarifs d’inscription au cercle démarrent à 1 000 euros, et les dons bénéficient des avantages fiscaux du mécénat.
En contrepartie, nous proposons à nos mécènes des expériences privées exclusifs en phase avec notre ligne artistique et nos valeurs.
Nous avons ainsi une programmation destinée au grand public avec une grande exposition annuelle dans des lieux d’exception.
En parallèle, nous proposons à nos Amis, membres du cercle privé, une programmation privée tout au long de l’année, avec une expérience chaque mois. Leurs donations participent à la production de nos expositions et des œuvres créées in situ.
Consultante chez m-O conseil
"Il est encore difficile de pénétrer le monde de l’art quand on a commencé sa carrière dans d’autres univers"Angélique Aubert
Après 5 ans passés chez le promoteur immobilier Emerige à développer les projets artistiques aux cotés de Laurent Dumas, Angélique Aubert rejoint le cabinet de conseil en recrutement m-O conseil, afin de développer un département dédié au recrutement dans le monde de la culture et lance une activité de conseil en projets culturels. Questions sur un parcours passion...
Longtemps vous avez mené des projets au sein de grandes entreprises. Quelle envie vous pousse à proposer aujourd’hui deux offres, l’une de recrutement culturel, l’autre de conseil pour collectionneur, mais à votre compte ?
Angélique Aubert : Mon fil rouge, c’est la diffusion de l’art. Aujourd’hui, un amateur d’art qui a envie d’acquérir quelques œuvres ne sait pas forcément comment s’y prendre. Pour entrer dans l’univers des galeries et des artistes contemporains, il faut un passeur.
Lire la suite >>>Fondateur de Communic'Art
"Bien communiquer est un art à forte valeur ajoutée"François Blanc fondateur de Communic'Art – devant "Marcel et Salvador", 2006, Jean-Michel Alberola
Journaliste art au Monde
“Attaché de presse… c’est un métier ingrat”Harry Bellet, Journaliste art au Monde
Journaliste art au Monde, Harry Bellet décrit d’une plume ironique et tendre le milieu de l’art contemporain. Il nous livre içi son expérience des rapports entre journaliste et communicants. Instructif autant qu’avisé.
Pour Art 360 by Communic’Art, le journaliste et écrivain explique comment la presse en général et le Monde en particulier tentent de rendre compte de la mondialisation du marché, en faisant bon usage des ressources de la communication.
A la différence de beaucoup de journalistes, vous n’affichez pas de mépris pour les gens de communication. Pourquoi cette mansuétude ?
Harry Bellet : D’abord parce que c’est un métier ingrat, il faut avoir vécu un voyage de presse pour s’en rendre compte. Balader des touristes, ce n’est pas drôle, des touristes ...
Lire la suite >>>Chef du projet Pass Culture
"Une création d'état façon start up"Sebastian Sachetti, chef du projet Pass Culture
Le processus d’élaboration du Pass Culture s’est voulu collaboratif sur un mode Start up d’Etat. Sébastian Sachetti, qui a conçu et organisé cette co-production, explique comment l’Etat a su mobiliser les futurs jeunes bénéficiaires et les professionnels de la culture. Et inventer les formes d’un nouveau service accessible pour 800 000 jeunes à partir de leurs 18 ans.
Au terme de quel parcours avez-vous été désigné pour imaginer les contours du Pass Culture ?
Sebastian Sachetti : Depuis la sortie de l’ENA, où j’étais inscrit comme élève étranger, j’ai alterné des postes dans le public et le privé, toujours dans le domaine culturel et avec une approche financière. Dans l'audiovisuel, notamment, au Brésil et en France, j’ai mené des négociations pour la production et la distribution de films. ...
Lire la suite >>>Par FRANÇOIS BLANC
Toutes ses contributions >>>
Par FRANÇOIS BLANC
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