
© Uhoda
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Actionnaire principal du groupe belge Uhoda, Stephan Uhoda est un entrepreneur, collectionneur et mécène. Il invite les entreprises à participer au décloisonnement de l’art contemporain en favorisant, dans les lieux publics, un dialogue entre les artistes et le grand public.
Il relève aussi la nécessité de revoir le modèle de financement culturel en y associant davantage le monde entrepreneurial et en sensibilisant le monde politique.
Lors des Jeux Olympiques de Paris 2024, vous avez soutenu l'installation de Laurent Perbos, « La beauté et le Geste » exposée sur les marches de l'Assemblée Nationale.
Avant cela, vous aviez produit la verrière colorée de Daniel Buren à la gare des Guillemins à Liège. Pourquoi est-t-il essentiel pour vous, en tant que mécène, de promouvoir ainsi le dialogue entre l'art contemporain et le public ?
Stephan Uhoda : Ma démarche de collectionneur est une démarche d’entreprise, de même que ma démarche de mécénat fait partie de notre politique de communication. D'abord, l'art contemporain et la culture de manière plus générale créent du lien.
Mais occuper l’espace public est aussi permettre au grand public d’accéder à quelque chose qu'il ne connait peut-être pas encore et de décloisonner l’art contemporain, de le sortir des galeries où il peut apparaître réservé à une classe élitiste, des initiés …
Le fait d’exposer dans un lieu social comme une gare ou même devant l'Assemblée nationale, qui représente les élus du peuple, est une façon de mettre l’art à disposition du plus grand nombre. Et donc de susciter la curiosité et permettre le dialogue…
En tant que mécène et grand collectionneur d’art contemporain, comment concevez-vous votre rôle dans la diffusion de l’art auprès du plus grand nombre et provoquer ce « choc de curiosité »?
Nous avons tâché de montrer que l'art contemporain peut être ludique à l’image de ce qu’a fait Daniel Buren à la gare de Calatrava ou encore, dans la verrière du jardin d’hiver de l'Élysée pour Monsieur Macron. Ses œuvres-là démontrent qu’en mettant simplement des couleurs transparentes sur des structures intéressantes et un peu architecturales permet de créer des reflets sur le sol, des reflets sur les gens...
A la gare de Liège, c'était très frappant de voir que dès qu'il y avait un rayon de soleil, les gens avaient un sourire et qu’ils sortaient leur appareil pour photographier la personne qui les accompagnaient ou bien un train qui devenait bleu ou jaune suivant l'endroit où il était… Voilà qui permet finalement de donner d'autres perspectives à l'art.
C’est ainsi que vous concevez votre rôle en tant que mécène et grand collectionneur d'art contemporain : savoir créer le déclic qui fera que l’art et le grand public ne coexistent pas seulement dans l’espace public mais qu’un dialogue se créé entre eux ?
Exactement. C’est aussi la même chose lorsque Laurent Perbos détourne les Vénus de Milo et leur fait porter des attributs sportifs colorés…C’est une œuvre très populaire et tout le monde comprend sa démarche, y compris ceux qui ne connaissent pas la Vénus de Milo…
Le côté pop art permet aussi de se dire : « Tiens, finalement, ça m'amuse, ces Vénus de Milo, c'est intéressant et donc quand je vais rentrer ce soir à la maison, je vais dire que je les ai vues à quelqu'un qui, lui, aura peut-être une opinion différente… » ? C’est là où je veux en venir : créer du lien et susciter le dialogue.
Vous sentez-vous investi d’une mission particulière pour identifier, soutenir et valoriser les nouvelles générations d’artistes, notamment les talents africains récemment intégrés à votre collection ?
Qui suis-je pour me sentir investi d’une quelconque mission ? ! En revanche, ce que le groupe Uhoda essaye de faire lorsqu'il mène des actions de sponsoring ou de mécénat, c'est d'aider au maximum les jeunes dont on pressent qu'ils ont du talent mais qui n'ont peut-être pas encore accès à une galerie parce qu'ils ne sont pas connus ni encore « bankable…
Nous leur mettons le pied à l'étrier et il s’agit d’un rôle auquel nous accordons beaucoup d’importance.
La collection Uhoda s’est enrichie récemment d’œuvres d’art africain contemporain…
Nous avons commencé cette collection très jeune, il y a une quarantaine d’années. J'ai souvent voyagé en Afrique dans le cadre de mon métier et j’ai pu découvrir rapidement leur habilité et leur spontanéité dans la réalisation de peintures et de sculptures contemporaines, mais l’art contemporain Africain n’est arrivé que tardivement en Belgique et est resté longtemps méconnu.
J’ai toutefois tenu à en acquérir rapidement, dès son émergence, car cela faisait sens par rapport à mon expérience et me rapprochait de leur culture et de leurs émotions. Notre collection s'est surtout enrichie ces dernières années de pièces majeures africaines, grâce au développement de nos activités professionnelles et à l’arrivée chez nous de Catherine Goffeau, qui avait travaillé pour de très grandes collections africaines.
Le modèle français du financement culturel, encore très dépendant des subventions publiques, montre aujourd'hui ses limites : la part du mécénat privé a reculé de façon significative depuis une quinzaine d'années. Faut-il revoir, selon vous, son modèle de financement ?
Je connais très mal le modèle français et donc, je ne m’exprimerai pas à son sujet. Mais en Belgique, nous faisons effectivement face au même recul du mécénat privé. A titre d’exemple, les banques qui, autrefois, avaient toutes des grandes collections et investissaient beaucoup dans l'art contemporain, ont cessé de le faire.
Le monde a changé, des priorités nouvelles ont émergé, sans compter le fait que les marges se sont fameusement rétrécies dans beaucoup de secteurs…
Les grandes institutions privées ciblent de manière beaucoup plus limitée leurs opérations de mécénat qui, pour certaines, ne concernent plus que le domaine éducatif, le handicap, l’environnement ou encore le sport ; la culture est moins souvent prioritaire…
Il faut repenser notre modèle de financement, d’autant que les pouvoirs publics attribuent de moins en moins de moyens financiers aux institutions culturelles.
Quelle forme pourrait permettre un meilleur modèle de financement ?
Il est plus que nécessaire de rapprocher le milieu entrepreneurial des institutions et du monde culturel, en particulier dans l’intérêt des entreprises car l’art crée du lien.
De son côté, le monde politique doit réaliser qu'il doit continuer à défendre la culture. Privé et public doivent regarder ensemble dans la même direction pour y parvenir.
DIRECTEUR DE LA GALERIE 1900-2000
"Historiquement, le surréalisme, était uniquement ce qui avait été décrété par André Breton"Photo © Francois Blanc
L’exposition célébrant les 100 ans du Surréalisme, tenue du 4 septembre 2024 au 13 janvier dernier à Beaubourg a été un véritable succès a marqué les esprits avec plus 510.000 visiteurs.
La Galerie 1900-2000 est devenue une référence à Paris et dans le monde entier en particulier dans le champ du Surréalisme.
A la suite de cet événement, David Fleiss, son directeur, nous décrit l’arsenal critique et les références à déployer pour intéresser la jeune génération, l’attirer et la séduire.
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FONDATRICE DE L’ASSOCIATION GENIUS LOCI, ET COMMISSAIRE D’EXPOSITION
"Genius Loci, invente des moments exclusifs d'art et d'architecture"© Damian Noszkowicz
Marion Vignal s’attache, depuis 2021, avec son association Genius Loci, à faire vivre l’architecture comme une œuvre d’art sous forme de déambulations immersives et émotionnelles à travers le prisme de la création contemporaine.
Vous avez fondé l’association Genius Loci en 2021. Quelle était votre ambition ?
J’ai créé Genius Loci, association loi de 1901 à but non lucratif, avec l'ambition de présenter l’architecture comme une œuvre d’art et de la faire dialoguer, vivre, par le biais d’une exposition immersive et animée d’œuvres ayant toutes une résonance avec ce que j’appelle « l’esprit du lieu », le « Genius Loci » en latin.
Lire la suite >>>Responsable de la communication du Musée d’art et d’histoire du judaïsme
"Notre rôle n'est pas de montrer une histoire tragique, mais la permanence de la culture juive à travers les millénaires."
Depuis janvier 2020, Muriel Sassen est la responsable de la communication et des publics du musée d’art et d’histoire du Judaïsme (mahJ).
Dans un contexte géopolitique très sensible, elle décrit la manière dont elle a choisi de communiquer sur l’Histoire et la culture du Judaïsme, sans empiéter sur le territoire du Mémorial de la Shoah.
Lorsque vous êtes arrivée fin 2019 au mahJ, vous êtes-vous heurtée à beaucoup de difficultés pour, au moment du déconfinement, faire revenir les visiteurs ?
Nous avons eu la chance d’avoir une très belle exposition sur l’École de Paris, avec Chagall, Modigliani… sur laquelle nous avions travaillé durant tout le confinement et qui a attiré près de 60.000 visiteurs, malgré les restrictions imposées de jauge.
Nous étions donc prêts dès que les portes se sont ...
Directeur de la communication et de la RSE au Palais de Tokyo
«Le Palais de Tokyo est une institution qui donne la parole aux artistes en les exposant»
Dès son arrivée en 2020 à la direction de la communication du Palais de Tokyo, Mathieu Boncour a élargi son périmètre d’action à la Responsabilité Sociétale des entreprises (RSE).
Sans langue de bois, il explique en quoi ce choix constitue un axe clef de la communication de l’institution, le travail accompli mais aussi les difficultés pour faire la pédagogie des actions concrètes accomplies au quotidien.
Quels étaient les principaux challenges en termes de communication à relever à votre arrivée au Palais de Tokyo, notamment dans le contexte de la réouverture après le premier confinement ?
Mathieu Boncour : Mon premier défi était assez évident. Je suis arrivé le 15 juin ...
Lire la suite >>>Par FRANÇOIS BLANC
Toutes ses contributions >>>
Par FRANÇOIS BLANC
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